La minute des experts est alimentée cette semaine par Anne Mey, Chargée de Recherche INRAE, l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement et membre du comité de programme de Good.
Apparaissant au cours du développement embryonnaire, le tissu adipeux se créé et se forme petit à petit dans tout notre corps durant la gestation humaine. Mais concrètement, de quoi parle-t-on ?
Le tissu adipeux est composé d’un ensemble de cellules, parmi lesquelles les adipocytes, qui capturent l’énergie sous forme de graisses. Il existe deux grands groupes de tissus adipeux : un que l’on appelle le tissu adipeux blanc, qui est impliqué dans le stockage des graisses et un second que l’on appelle le tissu adipeux brun, qui consomme les graisses. Ce dernier régresse pendant l’enfance mais on sait que des adipocytes bruns réapparaissent en cas d’exposition au froid pour convertir les calories en chaleur et maintenir la température du corps en situations extrêmes.
Le tissu adipeux blanc est beaucoup plus abondant que le brun et est sollicité en permanence.
Quels sont les effets du tissu adipeux blanc sur notre corps ?
Le tissu adipeux blanc absorbe et retient l’excès de gras et le sucre qui sont ingérés, sous forme de triglycérides. Il permet donc de stocker ces apports pour les restituer plus tard en fonction des besoins en énergie. De plus, le stockage dans les adipocytes du tissu adipeux blanc empêche les graisses de s’accumuler dans d’autres cellules de notre corps qui ne sont pas faites pour les accueillir. Dans les autres cellules, cela provoque ce que l’on appelle la lipotoxicité et des dysfonctionnements peuvent être observés. Le tissu adipeux est donc un organe essentiel dans la protection des autres cellules qui nous composent et permet de gérer cet arrivage massif de sucre et de gras survenant après les repas pour satisfaire les besoins en énergie toute la journée.
Entrons un peu plus dans le détail : tissu adipeux sous-cutané et viscéral, quelle est la différence ?
On distingue deux types de tissu adipeux blanc : le sous-cutané, qui assure 80% du stockage des triglycérides et le viscéral, situé autour de nos organes internes, notamment l’intestin.
Ces tissus ont des fonctions complètement différentes. Alors que le tissu adipeux sous-cutané grossit pour emmagasiner les calories dont notre corps aura besoin en dehors des repas, le tissu adipeux viscéral est quant à lui peu efficace pour stocker. Sa fonction n’est pas bien comprise. Il pourrait représenter une barrière vis-à-vis des particules bactériennes traversant l’intestin. En cas d’excès en énergie par rapport aux besoins, les deux dépôts grossissent mais attention, plus le tissu adipeux viscéral grossit, plus le risque augmente de développer des maladies métaboliques telles que le diabète ou les maladies cardiovasculaires par exemple. Cela arrive quand le tissu adipeux sous-cutané a atteint sa limite de stockage, libérant les graisses sans besoin en énergie. Cette limite diffère selon les individus, on ne la connait pas à l’avance. Ce n’est donc pas notre poids, ni la quantité de tissus adipeux qui déterminent en premier lieu si nous sommes en bonne santé ou non, mais plutôt la qualité de celui-ci et sa capacité à jouer son rôle grâce à une alimentation adaptée en qualité et en quantité. Quand il ne fonctionne plus, il participe à l’inflammation qui contribue aux maladies métaboliques.
Mais alors, qu’est ce que notre alimentation a à voir avec tout ça ?
Tout commence au niveau de l’intestin, avec des bactéries qui composent le microbiote intestinal, et qui vont rencontrer la nourriture que l’on ingère. Elles consomment les nutriments pour ensuite les transformer et les redistribuer à notre sang. On sait qu’avoir un microbiote en bonne santé va conditionner notre capacité à correctement gérer ce que l’on mange. Aussi, diversifier son alimentation, en partant d’aliments non transformés, va permettre de satisfaire les différents besoins de la multitude de bactéries présentes dans l’intestin et donc de notre corps. Au contraire, la consommation de nourriture transformée, trop riche en énergie et en additifs, est associée à de nombreux problèmes de santé métabolique car notre corps n’arrive pas à la gérer.
En réponse aux nutriments, le tissu adipeux émet de nombreux signaux à destination des autres organes. Il reçoit aussi des signaux nécessaires à son bon fonctionnement. Pour que les organes fonctionnent de façon coordonnée, notre corps doit rester sensible à ces échanges de signaux, ce qui n’est pas possible s’il est stimulé par la nourriture en permanence, avec le grignotage par exemple. Quand le tissu adipeux fonctionne mal, c’est donc le fonctionnement de tous les organes qui est remis en question.
POUR EN SAVOIR PLUS
Rendez-vous VENDREDI 14 MAI
pour le troisième épisode de "LA MINUTE DES EXPERTS"
avec Dr Dominic CELLIER, Médecin métabolisme-nutrition au Centre Léon Bérard
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